Mampong/Ashanti
Nous embarquons dans le confortable car de la STC (State Transport Corporation) pour un voyage de quatre heures jusqu’à Kumasi, entrecoupé d’une pause pipi/restauration à Nkawkaw. A la gare routière de Kumasi, on se presse autour de nous pour nous aider à transporter nos bagages jusqu’au tro-tro pour Mampong. Un jeune garçon d’une douzaine d’années s’est fait charger par d’autres gamins notre malle de plus de quarante kilos sur la tête. Lorsque ses copains ont lâché la malle, j’ai eu l’impression que notre « porteur » se tassait sous le poids.
Après l’autocar, le taxi-brousse avait quelque chose de surprenant et nous nous demandions s’il arriverait à bon port tant il semblait délabré. On nous fit les honneurs de la cabine, à côté du chauffeur, qui était du bon côté, car le Ghana venait d’abandonner le système colonial avec la conduite à gauche et encore bon nombre de voitures avaient le volant à droite.
Arrivés à St Monica’s secondary school, quelqu’un vint chercher nos bagages dès qu’ils furent déchargés. Et nous fûmes conduits devant la Directrice, une Ghanéenne laïque qui venait de succéder à une bonne sœur, puisque, comme son nom l’indique, l’école était une école anglicane, qui était en train de se « ghanaïser ». Il restait une bonne sœur à la gestion et une autre comme prof. d’anglais, européennes toutes les deux. Il y avait également quatre « peace-corps » (des volontaires civils américains), et deux couples mixtes dont l’homme était européen et la femme ghanéenne ; la différence était que l’un d’entre eux avait pris la nationalité ghanéenne, ce qu’il regrettait parfois, et dans l’autre couple, c’était l’épouse qui était devenue « British citizen ».
La Directrice nous conduisit à notre bungalow, ouvrit la porte et nous dit : « Voici Maxwell, votre boy ». Nous qui étions mariés depuis moins d’un an, nous ne nous attendions pas à voir un intrus partager notre intimité, et d’entrée nous lui signifiâmes qu’il ne travaillerait qu’à mi-temps, mais que pour qu’il ne soit pas lésé, nous lui donnerions la totalité de son salaire, ce qui sembla lui convenir surtout que, d’après certains collègues, nous le payions beaucoup trop ! Il faut dire que lorsque nous sommes arrivés dans ce pays, les services de l’ambassade nous ont dit de ne surtout pas changer notre argent à la banque, mais de faire confiance à des Libanais, qu’ils nous ont présentés et qu’en pratiquant ce marché noir nous rendions service à ces chefs d’entreprise qui n’avaient pas la possibilité d’exporter leurs profits. A ce moment-là, j’ai eu un doute sur la République.
Et ce n’est pas fini…