Car c’est bien d’abord le but thérapeutique de ce blog après la destruction systématique mise en œuvre contre moi au cours de mes trois dernières années d’activité. Je suis effectivement officier des palmes académiques, ce qui veut dire qu’au moins deux de mes supérieurs hiérarchiques (Inspecteurs d’Académie), à plusieurs années d’intervalle ont jugé que les qualités que j’avais développées dans mes fonctions de direction méritaient de se voir reconnues par un ruban puis une rosette. Et voila-t-y pas que d’un seul coup j’étais devenu, par une volonté quasi sarkozyenne, le pire chef d’établissement du département, voire de l’académie. Comment un basculement aussi rapide (moins de trois mois) a-t-il pu se produire ?
Déjà, lorsque je rencontrai mon chef pour qu’il établisse ma lettre de mission, il mentionna de façon pas vraiment enthousiaste le fait que j’écrive habituellement avec une police qui ne devait pas être assez administrative à son goût et que je signe en vert (hommage à une grande dame, Jeanne BENTLEY, ancienne Directrice du Lycée Jean Aicard à Hyères, que j’avais appréciée en tant qu’élève et qui fut ma première patronne lorsque je devins pion dans ce même lycée).
Puis vint un différent avec le Conseil général concernant mon appartement de fonction. Lorsque j’avais quitté Langevin, et parce que je le quittais m’avait-on affirmé, on allait changer la baignoire, l’évier et les WC. Et j’arrivais dans un appartement avec un équipement dans un état de délabrement similaire. Au bout de deux lettres sans réponse, j’en écrivis une troisième un peu plus musclée en envoyant copie à mon supérieur hiérarchique, pensant qu’il allait soutenir ma demande d’un logement décent pour un cadre dirigeant d’une administration d’Etat. Je m’étais fourré le doigt dans l’œil jusqu’au coude et je reçus ma première volée de bois vert de la part du tout puissant potentat des services départementaux de l’Education nationale. Heureusement, le Directeur des Collèges au Conseil général était quelqu’un de bien et d’efficace, qui lors d’une visite de le logement que j’occupais a convenu que mes demandes n’étaient pas exagérées.
Comme je n’avais pas réussi à travailler moins de onze heures par jour (selon le protocole signé entre le ministère et le syndicat monopoliste) les jours de conseil de classe, et faisant confiance au Président de la République fraîchement élu, comme j’avais travaillé plus, j’ai demandé à gagner plus. Et là, convocation fort peu amène à l’inspection académique, où j’apprends que mes lettres adressées par voie hiérarchique au Recteur, n’avaient pas accompli leur chemin. Je me demande ce qui serait arrivé à un chef d’établissement s’il s’était permis, contrairement à toute les règles de la Fonction Publique, de ne pas faire suivre un courrier ! Là, c’est vraiment ma naïveté de serviteur honnête de l’Etat républicain qui fut mise à jour.
Deux mois plus tard, le Conseil général organisait un mercredi soir à 18 heures une manifestation en l’honneur de la coupe du monde de rugby. Cet hommage ayant lieu en plein air et en été, je ne m’étais pas déguisé en croque-mort, et j’avais chemise à fleurs et tropéziennes. J’arrivai en même temps que l’Inspecteur d’académie, le secrétaire général et un IEN. La réflexion de l’autorité hiérarchique fut que j’étais habillé comme un retraité. Je rétorquai qu’étant donné mes états d’ancienneté de services, je le serais volontiers si l’Etat m’y avait autorisé. Mais l’ancien Premier Ministre n’ayant jamais voulu pérenniser le Congé de Fin d’Activité, j’étais obligé de continuer jusqu’à l’âge de la retraite qui existait à cette époque-là, c'est-à-dire soixante ans.
Une autre fois, la convocation concernait un édito du journal du collège L’Aurore du Haillan qui déplaisait à la hiérarchie, car j’expliquai le mécanisme de la carte scolaire (créée par de Gaulle) et je devais aboutir aux mêmes conclusions que l’inspection générale deux ans plus tard. Comme j’animais un Atelier d’Analyse de Pratiques Professionnelles à Thiviers (nord-est de la Dordogne), je ne pouvais obéir à cette injonction. Donc « M’sieur, m’sieur, il a fait ça ! », je fus convoqué chez le recteur, mais à une date dont nous étions convenus ensemble. Entre temps, j’avais découvert d’autres orientations et je menais campagne électorale ; l’entrevue avec le secrétaire général du rectorat en présence de l’inspecteur d’académie de Gironde, fut relativement chaleureuse et je pus m’exprimer, ce qui représentait un changement très positif.
Enfin, l’apothéose eut lieu le 3 juillet 2009, deux mois avant ma date officielle de retraite. Je sortais d’une réunion où j’avais représenté la Mgen à l’IA et je discutais avec un Haillannais du Modem (je crois) avec qui j’avais tenu plusieurs fois un bureau de vote. Arrive l’inspecteur d’académie qui m’intime l’ordre de venir dans son bureau, qu’il avait des choses à me dire. (Mon concitoyen m’a demandé plus tard des nouvelles, car il n’imaginait pas qu’on puisse traiter sur ce ton un cadre de l’éducation nationale, lui qui avait été cadre dans une grande entreprise privée.) Ce qui avait motivé l’ire de celui qui était encore mon « supérieur » hiérarchique pour deux mois était la lecture de mon dernier rapport d’activité, dans lequel je mentionnais la réalité de notre (ou de MA, ce qui serait infiniment plus grave) fonction. L’échange, suffisamment violent pour m’empêcher d’aller sereinement récupérer la médaille de l’académie gravée à mon nom, se termina par mon affirmation : « Je suis fier de me regarder dans la glace tous les matins. » à laquelle mon interlocuteur répondit : « Vous pouvez », ce qui, à mon avis, représentait exactement le contraire de ce qu’il voulait dire.
Et ce n’est pas fini…