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Le blog de Bernard SARLANDIE

Le paradis ?

18 Septembre 2009, 17:09pm

Publié par Bernardoc

         Après cet accueil sympa, il fallait se mettre à la recherche d’un logement. C’est à ce moment-là que l’on me dit qu’une voiture semblait nécessaire sur l’île (qui fait 32 km de tour), surtout avec des enfants car soit on habite à la plage et il faut un véhicule pour venir faire les courses chez le Chinois, soit on habite au village et il faut une voiture pour aller à la plage. Chaperonné par le coordonnateur du CETAD, je fus contraint d’accepter le seul fare qui restait à louer sur l’île, à la pointe Matira. Le hic était que la location était 30% plus chère qu’ailleurs, mais je n’avais pas le choix. Avant de trouver une voiture, j’achetai une Vespa car le collège se trouvait à sept kilomètres.

         La rentrée se déroula bien, l’ambiance semblait bonne et le Principal, qui arrivait des Marquises, accordait d’emblée sa confiance au personnel. C’était un ancien professeur de musique qui menait l’établissement avec la finesse d’un chef d’orchestre. C’est une des personnes qui a confirmé ma volonté de devenir chef d’établissement.

         Ce qui m’a surpris, c’est que je passais d’environ deux cent vingt élèves par an à une quarantaine. L’enseignement se devait donc d’être individualisé et nous validions périodiquement des unités de valeur. Si le cours était le même pour tout le monde au début de l’année, bien vite on arrivait à quatre ou cinq cours différent dans la même classe en fonction de la progression des élèves.

         Dans nos vingt et une heures de travail étaient incluses une heure de travail en commun avec les professeurs d’atelier et une heure de concertation (qui avait du mal à être contenue en deux heures). Les CETAD étaient rudement en avance, même sur les Lycées d’Enseignement Professionnel.

         Nos élèves, issus de la classe de 5ème, passaient, au bout de trois ans, un C.A.D (Certificat d’Aptitude au Développement) ou un C.A.Professionnel au D., option Activités Familiales Artisanales et Touristiques. Cela se traduisit notamment par la construction et la gestion d’un gîte rural…poliment décliné par un Inspecteur de l’Education Nationale qui préféra passer la nuit dans un des trois hôtels quatre étoiles qui existaient sur l’île à l’époque. Mais dans ces hôtels, il retrouvait nos anciens élèves, car l’excellence de notre enseignement étant unanimement reconnu, nous devions résister aux tentatives des hôteliers qui, à partir de Pâques, auraient bien aimé embaucher nos élèves avant la fin de leur cursus et donc l’obtention de leur diplôme.

Et ce n’est pas fini…

 

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La parenthèse polynésienne

17 Septembre 2009, 22:18pm

Publié par Bernardoc

         En rentrant du Ghana à l’été 1977, nous nous étions promis de repartir dans le monde après ma titularisation. Entre temps, Estelle est arrivée et Rose a accompli ses études d’infirmière. Il a fallu attendre son succès pour que je puisse faire une demande, ce qui lui a permis d’exercer autour du cours de l’Yser à Bordeaux pendant une année (qui ne sera pas prise en compte pour sa retraite). J’ai donc fait plusieurs dossiers, demandant des postes du Canada jusqu’aux Seychelles en passant par la Polynésie. Dans ce territoire, il y avait trois postes (dont un double) en Lettres-anglais. Je me disais donc que si ça marchait, j’irai à Faaa, ville de l’aéroport, dirigée par Oscar TEMARU, qui depuis a fait son chemin.

         Et bien, contre toute attente, je fus nommé à BoraBora, au CETAD (Centre d’Education aux Technologies Appropriées au Développement), une sorte de mini-LP adossé à un collège. Naïvement, je pensai que, si j’avais été affecté dans cet établissement, c’était grâce à mes expériences antérieures, et que mon profil correspondait au type d’enseignant recherché. Et bien non ! Cela aurait impliqué que l’Education nationale gère ses ressources humaines avec une certaine clairvoyance et en tenant compte des compétences. Foutaise ! Si j’ai abouti à BoraBora, c’est parce que mon prédécesseur était là depuis deux ans et qu’il ne supportait plus de vivre au bord du lagon, avec sa pirogue amarrée à deux brasses. Il était donc prioritaire pour obtenir une mutation et me libérer la place !

         Je suis parti seul pour voir où je mettais les pieds, Rose et Estelle devant me rejoindre un mois plus tard, quand j’aurais trouvé un logement.

         Arrivé vers quatre heures du matin à Tahiti, je découvris l’accueil fleuri…pour ceux qui étaient attendus, ce qui ne fut pas mon cas : le responsable territorial du Snetaa-Fen devait être le seul représentant syndical à ne pas être présent.  Au bout d’un moment je fus pris en charge par le responsable du BETPED (Bureau d’Etudes Techniques Pour l’Education au Développement), qui m’emmena déjeûner avec des responsables du Vice-Rectorat. Je fus étonné du tutoiement colonialiste utilisé envers les serveuses tahitiennes. Je découvris par la suite que c’était en fait le mode de communication en cours, et entre tout le monde, sur l’archipel.

         En attendant de prendre mon avion d’«Air Po(lynésie) » pour terminer mon voyage, Jean-Pierre (un autre ! ), qui était arrivé à Tahiti juste avant un cyclone, me fit faire une grande virée pour me montrer les dégâts causés par celui-ci. Après une bonne douche et un copieux repas, Jean-Pierre fit le nécessaire pour que je sois, moi aussi, accueilli à BoraBora. Le téléphone étant une denrée rare sur l’île à l’époque, il prévint le pharmacien qui avertit les collègues du collège de Vaitape.

         Après un vol relativement court en Fokker (quelle différence avec le 747 transpacifique ! ) et trois quarts d’heure de navette maritime, j’eus droit à mes colliers de fleurs en débarquant sur le quai de Nunue. Une « aventure » de six ans commençait !

Et ce n’est pas fini…

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Petite parenthèse "actuelle"

16 Septembre 2009, 22:19pm

Publié par Bernardoc

          Trop de salariés de France Télécom se suicident, mais même s’il n’y en avait qu’un, ce serait un de trop. Le stress et les méthodes de la direction ont été reconnus comme responsables. Dans l’Education nationale, ce n’est peut-être pas autant médiatisé (l’EN emploie –encore- plus de monde que FT) mais cela existe. Les petits chefs existent aussi à tous les niveaux, de même que le stress provoqué par les conditions de travail qui empirent d’année en année.

         Participant à un colloque initié par la MGEN il y a deux ans, j’y ai appris que ce qui guettait les enseignants, et pas forcément les plus fragiles, c’était l’épuisement professionnel, qui se traduit par une baisse des « performances », puis par des arrêts maladie et enfin, dramatiquement, par un infarctus.

         Durant mes années de direction, on a muté vers les établissements où je travaillais plusieurs collègues en grande détresse pour ne pas dire au bout du rouleau. L’accueil était capital pour conforter et remettre en selle ces enseignantes (et oui la population enseignante est très féminisée). Mais quel bonheur de les entendre au bout d’un ou deux ans dire combien elles appréciaient de s’être senties soutenues dans leurs activités. L’une d’entre elles, que j’ai cependant convaincue de ne pas prolonger sa carrière malgré une très bonne inspection à moins de deux ans de la retraite, est partie en disant qu’elle partait réconciliée avec l’Education nationale qui l’avait pourtant mis bien bas. Une autre, qui a failli s’effondrer lorsque je lui ai fait signer un catastrophique rapport d’inspection en début d’année, m’a demandé un rendez-vous après la sortie de juillet et m’a déclaré : « Vous m’avez réhabilitée » et m’a appelé deux ans plus tard pour m’annoncer son passage à la hors-classe. J’ai eu beau lui dire que je n’y étais pour rien, elle m’a quand même couvert de remerciements. Une troisième, que nous avons essayé de remettre en selle petit à petit, mais ce fut un travail de trois ans, m’a plusieurs fois dit combien elle se sentait bien.

         A contrario, il y a eu plusieurs collègues, notamment à Zola, qui m’ont dit combien leur intégration avait été difficile dans ce collège où il était difficile de nouer des relations et la mélancolie (euphémisme ! ) qui les envahissait en rentrant chez elles le soir.

         Fort heureusement, je n’ai rencontré au cours de ma carrière aucun de ces drames qui jalonnent France Télécom…Et même moi j’y ai échappé, mais ce ne fut pas facile : le harcèlement dont j’ai été victime au cours de mes trois dernières années d’activité fut très éprouvant. Il est difficile d’admettre qu’après trente sept ans d’engagement avec des rapports élogieux, et en trois mois de temps, vous deveniez le pire cadre que l’Education nationale ait jamais hébergé en son sein. Heureusement, j’étais bien entouré tant par ma famille que par  mes amis et camarades qui me connaissaient depuis deux décennies et qui m’ont permis de résister victorieusement à toutes les manœuvres de dénigrement que j’ai dû subir en approchant de la soixantaine.

Et ce n’est pas fini…

 

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En guise de bilan

14 Septembre 2009, 14:22pm

Publié par Bernardoc

          Lorsque j’étais arrivé au collège Emile Zola, ce qui m’avait frappé c’était que, alors que plus de neuf élèves sur dix avaient eu le Diplôme National du Brevet, moins de deux élèves sur trois étaient orientés en 2nde générale et technologique. J’étais tombé dans un collège vraiment élitiste !

         Trois ans plus tard, pratiquement 80% des élèves intègrent une 2nde GT et un peu plus de 80% obtiennent le DNB. Les chiffres se sont rapprochés, mais le hiatus vient du fait que, par rapport à la population favorisée qui fréquente ce collège, le taux de réussite attendu était de presque 89%. Il y a donc un écart de 5 points entre les deux taux. En revanche, concernant les mentions, le collège se situe 15 points au dessus des moyennes départementale et académique.

         Tentative d’explication : l’élitisme n’a pas disparu, et le collège Emile Zola travaille toujours comme un « petit lycée » pour bons élèves, qui réussiraient probablement quel que soit le collège public qu’ils auraient pu fréquenter. En revanche, toute une fraction d’élèves (les quelques 20% issus des milieux défavorisés), est restée « au bord du chemin ».

C’est un de mes plus gros échecs : n’avoir pas réussi à inverser cette tendance. Pourtant, je suis arrivé l’année de mise en place des Projet Personnalisés de Réussite Educative (PPRE). Deux enseignantes de 6ème ont participé à un stage, mais n’ont pas mieux réussi que moi à faire passer la philosophie de ces PPRE qui devaient être mis en place à moyens constants. Comme la première année certaines collègues étaient en sous-service, le PPRE devenait la prise en charge des élèves en difficulté par ces enseignantes. J’ai même dû freiner cette prise en charge, car trop collective, la « personnalisation » devenant alors insuffisante.

Après un recadrage la deuxième année, un fois qu’il était admis qu’un PPRE devait recouvrir des objectifs, à mettre en place avec les familles, puis un bilan régulièrement fait, le nombre a brusquement chuté : c’était une charge supplémentaire sans augmentation de l’ISOE (Indemnité de Suivi et d’Orientation des Elèves).

Il me plaît d’imaginer que la prochaine fois que nous aurons un gouvernement qui cherchera à reconstruire le service public, dans le service des nouveaux enseignants qui seront massivement recrutés, figureront, en plus des 15 heures devant classe entière, deux heures de concertation et deux heures de prise en charge des élèves en difficulté. Il n’est pas interdit de rêver, non ?

C'est un peu ce que m'a écrit une collègue qui s'est arrêtée un an après moi et qui fêtait cela au même moment que Rose : "J'aurais aimé saluer [votre] militantisme laïc et la force de convictions auxquelles beaucoup de gens de notre génération ont cru ou croient encore".

Et ce n’est pas fini… 

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Parce qu'il n'y a pas que les bonnes choses qui ont une fin

13 Septembre 2009, 21:37pm

Publié par Bernardoc

              Et oui, en 2009 j’ai 60 ans : place aux jeunes car,  comme dit la CGT : « Mieux vaut payer des retraités que des chômeurs » et je ne vais pas entraver le développement professionnel de mes cadets.

 

 

         Donc, dans une première étape, le 23 juin, j’ai eu droit à un concert offert par la chorale de deux 6ème, le Big band et l’Harmonie de Mérignac. C’était le cadeau du Principal-adjoint et ce concert en plein air dans la cour de récréation du collège a attiré la foule : de nombreux parents, quelques professeurs, le directeur du conservatoire de Mérignac, les Principales d’un collège de Mérignac, l’Inspecteur général honoraire de musique (sous la direction duquel j’avais eu le plaisir de chanter Le Roi David), le Maire et plusieurs adjoints ou conseillers et…mon successeur ! Puisse cette initiative populaire (il y avait davantage de public à la fin du concert qu’au début) être reconduite sans attendre son départ à la retraite !

         Les festivités se poursuivirent une semaine plus tard lors du repas des ATOSS avec la remise des cadeaux de leur part avec une carte hommage que je ne peux m’empêcher de citer : Heureuse retraite

Les rêves finissent par se réaliser !

Derrière vous une vie de travail, devant vous, la sérénité !

Adieu réveil, stress, machine à café !

Bonjour le temps de goûter à l’exaltation des voyages, à la douceur des hivers au soleil, aux soirées interminables et aux passions enfin assouvies !

Nous vous souhaitons des jours heureux emplis de liberté !

Monsieur Bimbert vous souhaite une bonne retraite.

Monsieur Kerzazi vous souhaite une très bonne retraite.

Bonne et heureuse retraite, profitez bien de vos jours. Melle Augustin Karine

Profitez bien de votre retraite Sylvie

Monsieur Sarlandie, maintenant vous aurez tout le temps de faire ce que vous avez envie et faîtes-vous plaisir car le temps passe très vite. Mr LORENZINI

Belle et heureuse retraite à vous Audrey Cots

Bonne chance pour le reste, amitié Mme Deneux

Bonne retraite Bey

         Le troisième épisode, prévu depuis novembre, était le 1er juillet. C’est ce jour-là que je souhaitais honorer les gens avec qui j’avais aimé travailler ou militer depuis que j’étais arrivé en Gironde en 1977. Je ne vais pas tous les citer, mais j’ai été très touché qu’Alain MAROIS, vice-Président du Conseil général traverse tout le département depuis St Denis de Pile pour venir à cette réunion ; il en est de même pour Luc PABOEUF, le Président du Conseil Economique et Social Régional, qui m’a toujours accordé sa confiance ; Ghyslaine RICHARD responsable nationale du pôle école de la CGT et ancienne secrétaire départementale de l’Ugict ; Jean-Gilles GREGOIRE, le secrétaire général du GCU (Groupement des Campeurs Universitaires) avait fait le déplacement. Outre les responsables départementaux de nombreuses associations, j’avais également invité le Conseil d’Administration (dont certains membres ont eu la décence de ne pas venir), ainsi que Jean-Pierre COURBIN, mon alter ego qui s’arrêtait en même temps que moi et deux précaires qui venaient de réussir le Capes pour l’une et le concours de CPE pour l’autre : c’était une manière de passer le flambeau.

         Le lendemain, il y avait le traditionnel pot de sortie du collège suivi pour les retraités par une réception à la mairie pour ceux qui partaient : de nouveau nous avons pu Jean-Pierre et moi apprécier la chaleur et la convivialité qui caractérisent la vie haillannaise en recevant nos cadeaux et la médaille de la  ville.

         Le 3 juillet il y avait le désormais habituel buffet du Recteur au Lycée des Graves avec remise de la médaille de l’académie, mais une fâcheuse altercation m’ayant mis en état de choc, je n’ai pas pu m’y rendre malgré mon désir de saluer une dernière fois certains collègues. Tant pis ; refondue, elle pourra resservir pour quelqu’un d’autre.

Et ce n’est pas fini…

 

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Le bonheur à Zola

10 Septembre 2009, 20:23pm

Publié par Bernardoc

 

          Et oui, il y en a eu malgré tout, notamment au cours de ma dernière année.

         Ce fut d’abord l’accueil de jeunes et nouveaux professeurs, titulaires ou non, qui apportaient du sang neuf et que j’encourageai vivement à s’investir en leur précisant qu’il n’y avait pas de « prime à l’ancienneté » et que je soutiendrai leurs projets de mon mieux. J’indiquais également aux vacataires qu’il n’était pas souhaitable qu’ils participent aux rencontres parents-professeurs comme aux conseils de classes, pour lesquels ils n’auraient pas d’indemnité d’autant plus qu’en cas d’accident, ce ne pourrait être en aucun cas un accident de service ou de travail.

         Ces jeunes collègues, qui n’avaient pas vécu la crise de l’année précédente, m’ont accordé leur confiance de la même façon que je leur avais accordé la mienne. J’en veux pour preuve la dédicace que m’a rédigée une écrivaine, que j’ai découverte en voyant qu’elle participait à une séance de signatures à L’escale du livre de Bordeaux : « Merci pour cette année sympathique, pour votre accueil chaleureux et vos sourires encourageants. Avec toute ma sympathie ».


        

 

  Mais il y avait aussi les grands moments de bonheur avec certains anciens, comme par exemple le collègue d’EPS qui partait à la retraite en même temps que moi et qui s’est investi pendant des années dans la section sportive volley-ball. Je n’ai pas fait de grand discours pour son départ, mais j’ai dit qu’il faisait partie des quelques personnes qui avaient jalonné ma vie et avec qui il y avait besoin de peu de mots puisque l’osmose était telle que l’on se retrouvait pratiquement toujours sur la même longueur d’ondes. Je pense que ce qui a a déclenché cette estime mutuelle (outre le fait que nous sommes devenus des lecteurs réguliers de Siné Hebdo), fut ma présence à Mérignac lors du match inter-académique de qualification pour les championnats de France. C’est probablement à ce moment-là que j’ai dit que j’accompagnerai l’équipe une année lors des championnats. Je ne pus le faire l’année suivante, et donc pour notre dernière année, Jean-Pierre m’a rappelé ma promesse. J’ai donc fait le chauffeur avec le mini-bus municipal jusqu’à Vichy où j’ai demandé à être présenté non pas comme Principal mais comme Président de l’Association Sportive.

 Hélas, ma présence n’a pas suffi à porter nos minimes sur la plus haute marche du podium, elles se sont contentées, comme l’année précédente, de la médaille d’argent. Mais quel grand moment !

Et ce n’est pas fini…

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Le clash

9 Septembre 2009, 00:30am

Publié par Bernardoc

            Il se produisit un an plus tard, après le conseil d’administration qui devait se prononcer sur le Tableau de Répartition des Moyens par Discipline (le fameux TRMD). Par principe, la majorité des enseignants aurait souhaité voter contre, ce que je peux comprendre : c’était ma position habituelle lorsque j’étais représentant du personnel élu au CA. Mais en tant que représentant personnel du ministre au sein de l’établissement, je me devais de proposer une répartition qui permette au collège de tourner au mieux en fonction des moyens attribués. C’est à ce moment que, en toute modestie, je fis preuve d’une grande habileté pédagogique puisque le TRMD fut approuvé, de façon minoritaire certes, mais sans aucune opposition.

         J’étais loin d’imaginer que ce résultat, dont j’étais assez fier, allait déclencher une véritable guerre au sein du collège, qui a contribué à pourrir les dix-huit derniers mois de ma « carrière » et a révélé la grande souffrance des personnels. Une explosion de haine et de violence verbale à l’encontre en particulier de deux élues, qui comme les autres s’étaient abstenues et n’avaient pas voté contre, provoqua la démission de celles-ci.

         Il a donc fallu que j’en parle au conseil d’administration, et c’est moi qui reçut alors une volée de bois vert : il est des choses concernant le fonctionnement du collège qui ne concerneraient pas le conseil d’administration, notamment car cela risquerait d’en ternir l’image auprès des élus, mais surtout auprès des parents. Et bien, même à la retraite, ce n’est pas ainsi que je conçois le rôle d’un conseil d’administration. Il m’est arrivé plusieurs fois d’être mis en minorité, et pas seulement à Zola ; bien sûr mon ego en souffrait mais je me consolais en me disant que j’avais permis à la démocratie de s’exercer pleinement au sein de cet organe décisionnel.

         Les tentatives pour recoller les morceaux furent vaines et les collègues qui croyaient en la pédagogie et qui avaient envie de me suivre dans ce que je tentais d’insuffler ont baissé les bras dans l’espoir qu’ainsi la paix reviendrait.

         Quant à moi, mes appels au secours sont restés vains et pour tenter de comprendre ce qui m’arrivait pour la première fois à la veille de la retraite, j’ai réussi à faire accepter par le CA un Audit à Visée Participative sur les problèmes de communication qui a conclu que les torts étaient partagés, ce qui m’a un peu réconforté : je n’étais pas le seul coupable des dysfonctionnements !

Et ce n’est pas fini…

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Première surprise

8 Septembre 2009, 13:07pm

Publié par Bernardoc

         Une fois « l’état de grâce » passé, et comme dans la plupart des établissements, un prurit professoral agita la salle des profs (baptisée « Foyer des enseignants ») vers le mois de janvier. Je fus donc saisi d’une demande d’heure d’information syndicale, la première de l’année scolaire, par le Sgen-Cfdt et le Se-Fen-Unsa (sic – rappelons que nous étions en 2007 et que la Fen avait disparu depuis une quinzaine d’années). Je dois dire que moi, le militant syndical, j’avais des doutes sur la réelle syndicalisation des auteurs de la demande.

         Cependant, quoi de plus normal qu’une application des textes, même si pour les élections au Conseil d’administration aucune appartenance syndicale n’était apparue. Je m’interrogeai cependant sur la date proposée : le lendemain d’un puissant mouvement de grève qui se révéla, comme les autres, être fort peu suivi au collège, et sur le motif : discussion des problèmes de l’établissement.

         Dans l’accord écrit que je leur transmis, je me permis de leur dire qu’à mon avis c’était un dévoiement de l’heure d’information syndicale et que les discussions qu’ils s’apprêtaient à avoir relevaient davantage d’un conseil pédagogique.

         Quelques jours après, je reçus une délégation qui me remit une lettre contenant une liste de « revendications » dont la première était : « Comment améliorer la communication, entre nous et avec « l’administration » ; JE étant « l’administration ». Ce qu’il m’était reproché était de garder ma porte fermée, vieux réflexe datant de mon précédent établissement où le chemin normal pour venir au bureau du Principal était le passage par le secrétariat. Je les satisfis immédiatement en ne fermant plus ma porte que pour des entretiens confidentiels. Quant à la communication entre eux, après leur avoir déclaré que c’était leur problème, réponse facile entre toutes, je leur proposai dans un deuxième temps de participer à un atelier d’analyse de pratiques professionnelles en leur expliquant l’engagement et la discrétion que cela impliquait. Cela se termina par « TROP TARD » barrant la liste affichée dans la salle des profs et restée vierge, une fois que les demandes de stage d’équipe étaient closes. J’appris plus tard que celles (90% de femmes au collège) qui auraient souhaité s’inscrire n’avaient pas osé le faire de peur de se faire traiter de fayottes.

Et ce n’est pas fini…

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Je jette les bases

7 Septembre 2009, 18:21pm

Publié par Bernardoc

            En arrivant, j’avais décidé de suivre les 6ème et les 3ème, ce qui bouleversait les habitudes de la Principale-adjointe. Comme elle avait en charge le cycle central, je lui proposai de rencontrer les parents de 5ème et 4ème. Panique à bord : je lui accordais mon entière confiance pour remplir son rôle de Principale, adjointe au chef d’établissement. C’est qu’elle n’y était pas habituée au fond du placard où je l’avais trouvée. Pour la rassurer, je l’invitai à la première réunion, histoire que nos discours soient en cohérence et je lui dis que je viendrai me présenter lors des réunions qu’elle animerait seule ensuite. Je pense qu’elle a apprécié ce premier geste, qui ne faisait que répéter ma propre expérience vécue en tant qu’adjoint.

         Au cours de ces quatre réunions, j’annonçais aux parents la sortie d’un journal trimestriel, rédigé par des adultes et donnant un reflet de la vie de l’établissement ; ils le recevraient par l’intermédiaire de leurs enfants. En hommage à Emile Zola, patronyme du collège, ce journal aurait pour titre : L’Aurore du Haillan. Au cours de cette première année, devant l’abondance de matériaux, le journal devint bimestriel. Il était également envoyé aux autorités et à nos partenaires.

         Ces réunions, qui auraient pu être un lieu de dialogue et d’explications avec les familles avaient la particularité de se dérouler en l’absence des enseignants, même des professeurs principaux.  J’ai trouvé cela regrettable, mais après tout, je n’étais pas responsable du déroulement de la rentrée, qui comportait également les deux demi-journées de post-rentrée qui avaient été votées au conseil d’administration. Comme il fallait mettre en place le conseil pédagogique, je proposai aux enseignants de remplacer la deuxième demi-journée par la première réunion du conseil pédagogique, qui put ainsi être installé sans résistance ni contestation. Il devint par la suite une instance reconnue et ouverte, certains enseignants qui n’en faisaient pas partie souhaitant y participer, au moins ponctuellement.

         J’instaurai également les conseils de professeurs à la mi-trimestre (et non plus juste avant les conseils de classe) afin de préparer les rencontres parents-professeurs.

Et ce n’est pas fini…

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Arrivée à Zola

6 Septembre 2009, 08:34am

Publié par Bernardoc

           Avril 2006 : coup de téléphone à mon bureau de Langevin : c’était l’Inspecteur d’académie, M. Savajols qui m’annonçait depuis Paris, le résultat de la CAPN : j’avais obtenu ma mutation (au bout de ma troisième demande) pour le collège Emile Zola du Haillan. Même si ce n’était que mon septième vœu, j’allais cependant retrouver mon salaire de 2004 qui avait été depuis amputé de plus de 175 € par mois.                           

Tout s’annonçait bien : j’arrivais avec une certaine aura dans ce collège où parmi les parents d’élèves se trouvaient des personnels de l’éducation nationale (enseignantes, infirmière) qui avaient bien apprécié de travailler sous ma guidance dans mes deux précédents établissements. D’autres se souvenaient que je les avais bien accueillis dans mon précédent collège. Il y avait aussi un camarade du syndicat, une copine de l’aïkido…L’inspectrice d’arts plastiques avait prévenu la professeure titulaire de la discipline de l’aide et de l’accompagnement que je m’étais toujours efforcé d’apporter aux enseignants volontaires, actifs et pédagogues.

Lors du repas de pré-rentrée, j’ai surtout discuté avec deux professeurs venus spontanément vers moi : l’une, enseignant également à l’Iufm, m’a dit qu’elle avait beaucoup apprécié la portée pédagogique de mon discours d’ouverture, ce qui est la moindre des choses : l’Inspecteur d’académie qui avait ouvert notre stage de formation de personnels de direction avait été très ferme là-dessus : « Vous êtes le premier pédagogue de votre établissement ; ne laissez jamais un inspecteur se rendre seul dans une classe ! ». L’autre professeur m’a raconté combien ils avaient souffert de l’étouffement des initiatives au cours des cinq années précédentes, de l’inexistence physique du conseiller général (alors que le collège était en travaux depuis des années) et des très mauvais rapports avec le maire.

Comme le préconisent les textes, je propose toujours que la journée de pré-rentrée se termine par une heure d’information syndicale suivie par une rencontre de l’intersyndicale avec le Principal. Ce premier jour, il n’y a pas eu de réunion syndicale, mais les élus au CA ont (presque) tous répondu à mon invitation : il n’y avait pas de revendication spécifique, il s’agissait avant tout d’une prise de contact.

J’étais assez satisfait de ma première journée, mais j’appréhendais la fin de la semaine où j’allais devoir mettre mes pieds dans des chaussures qui ne m’appartenaient pas et dans lesquelles je me sentais mal à l’aise, moi qui appliquait depuis des années le mode de rentrée préconisé par l’ancien recteur Monteil qui avait ensuite été validé par Ségolène Royal lorsqu’elle était ministre de l’enseignement.

Et ce n’est pas fini…

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